Une rupture… dans la continuité

Confortée par l’efficacité de sa politique monétaire qui s’est avérée pertinente dans la mission de stabilité des prix, Bank Al- Maghrib a conservé son taux directeur intact à 2,25% depuis près de 4 ans tout en privilégiant une lecture long-terme des agrégats macroéconomiques.

En effet, dans un contexte exceptionnel marqué par la succession de deux années de sécheresse et la propagation du Covid-19, le Conseil de Bank Al-Maghrib, dans sa version remaniée après la nomination de nouveaux membres, a décidé de baisser le taux directeur de 25 PBS à 2,0%.

Ce changement s’inscrit ainsi dans la continuité de la tendance baissière du taux directeur qui a été ramené de 3,5% en 2008 à 2,0% actuellement.

Cette décision vient dans l’esprit des actions des banques centrales à l’international qui ont décidé d’assouplir leurs politiques monétaires aussi bien dans des pays développés (la Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque du Canada et celle du Norvège) ainsi que des pays comparables (Banque Centrale de Tunisie). Celles-ci ont décidé d’abaisser leurs taux d’intérêts afin de limiter les répercussions de la pandémie sur leurs économies respectives.

Le soutien de la croissance… érigé en priorité

Cette décision est alimentée par le besoin de soutenir la croissance particulièrement dans un contexte où l’inflation, établie à 0,2% en 2019 et attendue à 0,7% et 1,2% respectivement en 2020E et 2021E ne constitue pas une préoccupation majeure. D’un autre côté, la croissance présente une source d’inquiétude particulièrement après l’annonce du Haut Commissariat au Plan d’une prévision d’un niveau de croissance en 2020E de 2,3% au mieux, le plus faible durant les deux dernières décennies. Une situation qui s’explique aussi bien par des facteurs endogènes (faible pluviométrie) qu’exogènes (ralentissement de la Demande étrangère, effet Covid-19). Ces prévisions risqueraient d’être revues à la baisse dans le cas où la pandémie ne serait pas contenue sur le court terme.

Un suivi fréquent… dans un contexte très évolutif

Face à l’évolution rapide des évènements, la Banque Centrale laisse entendre dans son communiqué qu’elle pourrait procéder à des ajustements, chaque fois que nécessaire, sans forcément respecter une fréquence trimestrielle.

En perspective Cette baisse du taux directeur devrait être répercutée par le secteur bancaire. D’ores et déjà, le taux débiteur moyen a enregistré un recul sur un trimestre de 18 PBS à 4,91%, une baisse qui a concerné aussi bien les particuliers, que les entreprises ou encore les entrepreneurs individuels.

Tout en saluant la pertinence de cette décision, nous pensons que celle-ci pourrait être accompagnée dans le futur par d’autres actions d’assouplissement monétaires et notamment des injections de liquidités dans l’espoir d’augmenter le niveau de transmission de ces actions sur la Demande. La croissance des crédits est prévue à 4,5% en 2020E puis 5,3% en 2021E après 5,3% en 2019.

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