Executive Summary

Après l’accalmie..., le grand retour des Eurobonds en Afrique?

En 2024, les pays d'Afrique subsaharienne ont renoué avec le marché des Eurobonds, mettant fin à une période de deux ans marquée par une forte accalmie. En effet, à quelques exceptions près, les pays africains ont été largement exclus de ce canal de financement. Cela s'explique par la combinaison de plusieurs facteurs, il s’agit de : des taux d'intérêt élevés exigés par les investisseurs afin de compenser la montée de l’inflation en Zone euro et aux USA au cours des dernières années, des inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette des pays africains et de la dépréciation des monnaies locales.

En 2022, l'inflation moyenne dans la zone Euro a atteint un niveau record de 8,4%. Cette hausse des prix a été alimentée par les perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales dans un contexte géopolitique instable. En 2023, bien que l'inflation ait légèrement diminué, celle-ci est restée élevée à environ 5,5%. Face à ce contexte, la BCE a été contrainte d'augmenter ses taux directeurs induisant ainsi une réduction de la liquidité sur les marchés financiers et impactant les coûts de financement des pays.

Aux États-Unis, le phénomène inflationniste est également omniprésent. L'inflation moyenne a atteint 8,0% en 2022 et 4,1% en 2023, soit au-dessus des niveaux normatifs. En réponse, la Fed a adopté une politique monétaire plus restrictive, augmentant de manière plus agressive ses taux d'intérêt pour tenter de contenir la progression des prix. Cette politique a entraîné une hausse systématique des coûts de financement tout en limitant les opportunités d’investissement. Dans ces conditions, nous avons assisté à un renchérissement visible du coût de financement des pays africains sur le marché international.

Parallèlement à ces défis, les pays africains ont aussi souffert de la dépréciation de leurs monnaies. A titre d’exemple, la Livre égyptienne a perdu environ -52% de sa valeur par rapport au dollar durant la période 2022-2023, le Naira nigérian a baissé de -50%, le Cedi ghanéen -30% et le Chilling kényan près de -20%. Ces dépréciations ont alourdi le coût du service de la dette en devises étrangères, rendant l’accès aux marchés internationaux de capitaux davantage compliqué.

Pour 2024, les perspectives s'améliorent relativement. Les prévisions indiquent une diminution significative de l'inflation, avec une estimation de 2,5% pour la Zone Euro et environ 2,6% pour les États-Unis. Cette baisse devrait améliorer les conditions de financement et susciter un retour d’appétit pour les émissions Eurobonds.

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